Melle C. et ses aliénés

Je découvris le monde du SM à travers les exigences d'un homme plus âgé que moi (comme bien souvent) et qui avait pris le parti de devenir mon mécène, tandis que je poursuivais mes études. C'était un très bel homme, la quarantaine naissante. J'étais moitié plus jeune et l'on me prenait régulièrement pour sa fille. Le goût de l'interdit, le plaisir de choquer nous animait tous deux.

Nous entretenions une relation suivie depuis quelques mois lorsque, déjà, je sentais poindre en lui une certaine lassitude dans nos ébats. Je n'ai jamais été sexuellement farouche, toujours prête à découvrir de nouvelles pratiques et à ressentir de nouveaux plaisirs. Me sachant très ouverte, il me parla franchement de son goût pour la domination. J'avais déjà plus ou moins senti cette envie, par ses gestes très directifs voire brutaux ou ses envies le plus souvent ordonnées plutôt que suggérées.
Je me laissais faire, docilement, heureuse de découvrir d'autres horizons, mais aussi désireuse de garder cet homme à mes cotés. J'ai gouté aux fessées, aux promenades en appartement tenue en laisse et marchant à 4 pattes. Cette situation m'émoustillait franchement. Pas l'idée de subir, mais plutôt le fait de le voir prenant du plaisir à me traiter ainsi. Je n'étais pas soumise mais dominatrice par procuration. Je prenais plaisir par son plaisir et nous étions deux à me dominer puisque je rêvais d'être à sa place.

Au fil des mois, Monsieur P. est passé d'une soumission douce et purement physique à un jeu plus cérébral, qui consistait à me faire perdre mon identité. Moi qui était d'un naturel enjoué et plutôt meneur, je me retrouvais écrasée sous sa trop forte personnalité, devenant son ombre, ne pensant qu'à travers lui, n'agissant que pour et par lui. J'avais interrompu mes études et je m'étais installée dans son (grand) appartement parisien sous ses insistances. J'étais cette chose qu'il exhibait fièrement à ses amis, un bel objet dénué d'esprit et de pouvoir de décision.

A l'époque, le SM était une pratique honteuse et perverse, Monsieur P se servait de cette image pour me culpabiliser tandis que dans mes rêves les plus secrets, je m'imaginais à sa place, me faisant (re)vivre certaines scènes. Je prenais parfois un plaisir sadique à m'auto-dominer: "tu n'es qu'une chienne, esclave de cet homme et ça te plait!" ou "pauvre petite chose martyrisée sans défense!", tandis qu'à d'autres moments, un éclair de lucidité me commandait de sortir de cette situation invivable...

Melle C.


Mer 16 avr 2008 Aucun commentaire