Melle C. et ses aliénés

Monsieur P. hors jeu, je m'installais dans un tout petit studio en compagnie de l'amie qui m'avait permis de me sortir de cette situation devenue invivable.

Le retour à la réalité fut violent. Je quittais une existence oisive où les problèmes d'argent n'existaient pas pour entrer de plein pied dans la vie étudiante, et tous les aléas qu'elle comportait: fin de mois difficiles, loisirs onéreux, sorties limitées, appartement de la taille d'un clapier...
De toute évidence, cette existence précaire ne me conviendrait pas. J'avais été élevée dans un certain confort matériel et ayant trop de fierté pour quémander quelques subsides à mes parents, je ne pouvais me résoudre à sombrer dans cette misère.

Je me mis tout naturellement à fréquenter des hommes plus âgés, professionnellement établis, qui me permettaient de m'évader de mon quotidien morose. Je sortais d'une relation douloureuse, je ne souhaitais plus m'attacher, simplement profiter des plaisirs que m'offraient ma condition: sans être une fille facile, il est aisé pour une belle plante de sélectionner ses soupirants pour ne garder que le meilleur parti.
Je découvrais le plaisir de plaire et d'être courtisée, me laissant très rarement attraper dans les filets de mes prétendants. Je rencontrais un homme, D., qui dès la première entrevue (lors de la pendaison de crémaillère de l'ami d'un ami que je délaissais alors pour lui) montra un engouement certain pour ma petite personne. Bel homme, très attirant, je lui expliquais dès le début que je ne recherchais pas de relation durable. Il était entendu entre nous que nous couchions ensemble, par plaisir uniquement, sans attache l'un envers l'autre. Nous nous voyions le week end dans son appartement de célibataire. Très vite, à la faveur de nos emplois du temps peu chargés, nous en vîmes a nous voir en semaine, déjeunant rapidement dans un bistro, puis filant sous la couette, nous vautrer dans la luxure la plus primaire...

Durant mes premières années de fac, j'étais moins féminine qu'à présent, n'ayant ni le temps ni l'envie de m'apprêter afin de plaire aux hommes. Mon charme opérait alors déjà sans artifices. Pourtant, alors que nous nous rendions en week end en Bretagne (Monsieur bénéficiait des largesses financières de Papa-Maman), il m'offrit une paire d'escarpins noirs, sobre, mais terriblement féminins. Je quittais donc mes éternelles Kickers confortables pour ces échasses désagréables a chausser...


Melle C.
Mer 23 avr 2008 Aucun commentaire